souffrance au travail

Publié le 11 Janvier 2017

Elles s’absentent sans m’informer de l’endroit où elles se rendent. Elles ne m’adressent pas la parole, je deviens transparente. Cette forme de relation a quelque chose de rassurant : si l’on ne me voit pas, on ne m’agressera pas, on me laissera tranquille. L’effet pervers qui en découle fait plus souffrir : si elles ne me voient pas, c’est peut-être que je n’existe pas, que je ne suis rien, que je n’ai pas de place dans cette organisation. L’esprit extrapole: pas de place ici, dans le monde du travail, dans cette ville, dans ce pays, sur cette terre, parmi mes congénères. Faut-il que je m’efface pour leur laisser la place, moi qui n’en ai plus?

 

il est clair que des consignes ont été données pour qu’on m’isole du groupe. Les membres de l’équipe de direction me saluent et restent mutiques. Les échanges se font uniquement par mail. L’hostilité est constante, malgré quelques pauvres sourires.

 

« Tout ce qui les attend ne les a pas encore rattrapées » me susurre une collègue d’infortune.

 

J’ai fait un travail sur moi mais, dans cette organisation, je suis la seule à l’avoir fait. Les médisances, les discriminations, les méchancetés perdurent avec leurs lots de dysfonctionnements.

Les égos sont gonflés, surdimensionnés. Fort de l’appui de la direction, certaines me coupent la parole systématiquement et répondent à ma place quand je suis directement sollicitée. Face aux erreurs que je pointe dans leur travail, on nie et on passe vite. On tente d’exercer un pouvoir que l’on n’a pas. J’ouvre une porte, on la ferme.

 

Sévit encore et toujours la guerre des services. Les agents chargés de l’accueil physique des usagers passent leur journée à surfer sur internet. Entre deux clients, allons voir la météo, les nouvelles du coin, la rubrique nécrologique et le journal des sports. Entre deux clients, allons fumer une petite cigarette. Une étude datant de 2009 révèle qu’un fumeur d’un paquet par jour fait huit pauses dans sa journée de travail soit quelques quatre-vingt minutes d’arrêt. Ceux qui fument un paquet par jour manquent l’équivalent de 17 jours de travail par an. La pause « cigarette » n’existe pas en droit du travail mais pour les amies de la directrice, tout est autorisé. Si elles ne comptabilisent pas le temps passé à cette activité, elles savent cependant chiffrer le temps que passent les autres en pause café.

 

« Demain, je reprends mes anciennes allures et mes travaux nocturnes, moyennant le café, bien entendu ».

 

J’ai envie d’en découdre, je voudrais batailler et avoir raison, leur montrer l’immensité de leur incompétence. Je voudrais affirmer mon avis, avoir raison mais je dois jouer les andouilles, m‘effacer devant leur imbécillité patente.

 

Aujourd’hui, j’ai vu la personnification de la bêtise. Elle a 25 ans et connaît déjà tout sur la vie des gens. Elle n’a pas d’enfant, regarde les séries télé les plus avilissantes et c’est certainement auprès des reality show qu’elle apprend à formuler une évaluation sociale. On trouve de tout dans son discours: du racisme primaire, des clichés de bas étage, des jugements de valeur, des indiscrétions sur la vie privée ou la religion, la mauvaise foi, le mensonge et l’hypocrisie. Une conseillère en économie sociale et familiale qui sait déjà tout sur tout et du haut de son petit pouvoir de merde vous cloue au pilori en cinq phrases mal orthographiées.

 

Braves gens, ne croyez pas qu’on vous accorde des heures d’aide humaine sur des critères sérieux et professionnels. Non, c’est à la tête du client!

 

Rédigé par Andy Cap

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